Rongy-Taintignies, une paroisse qui bouge

Le soleil brille en ce 25 août. Le temps idéal pour découvrir le Hainaut protestant. Sonia, la présidente du consistoire de Rongy-Taintignies vient me chercher à la gare de Tournai. Nous avons déjà un peu échangé par mail et la discussion démarre immédiatement : Sonia me présente la paroisse… le groupe de jeunes très investis qui va partir en weekend en septembre, l’oratoire de Taintignies, au jardin planté de sapins de Noël (sans les décorations en cette saison), le presbytère d’Antuin, à côté de la gare, grosse bâtisse avec ses 5 chambres et son garage… Rongy-Taintignies est une paroisse étendue, à cheval sur 3 localités. Nous sommes à la campagne et la voiture est indispensable pour se déplacer. Le véhicule avance sur de petites routes. Nous croisons des tracteurs boueux. Autour de nous, le paysage de fin d’été est encore vert après l’été très pluvieux.

 

Première étape : l’oratoire de Taintignies

« Ici, il n’y a plus grand monde au culte » me confie Sonia. Mais il y a du potentiel. Les gens s’intéressent au protestantisme. J’aimerais mettre le bâtiment à disposition d’artistes chrétiens. Il ne faut pas que les œuvres soient trop trash, ça risque de choquer les visiteurs et les paroissiens. On pourrait aussi avoir des conférences, sur la permaculture par exemple ».

Nous sommes assis dans l’édifice de petite dimension, propre et bien entretenu, en bordure du village. L’air sent l’herbe fraîche, un coq chante dans la ferme voisine.

Sonia connaît la paroisse depuis 15 ans. Elle est presque immédiatement devenue la présidente du consistoire. Fan de la pasteure suisse Caroline Costa, elle rêve d’une théologie active, qui invite les gens à l’église sans les forcer et qui attise le feu de leur spiritualité en douceur. « Ca va plus loin que le culte du Dimanche et que la prière. Aujourd’hui, beaucoup croyants nourrissent leur foi sans nécessairement aller à l’église d’une manière traditionnelle. »

Fille et petite-fille de pasteur, prof de religion, elle se donne corps et âme à son engagement. C’est vital, parce que la paroisse, qui n’a pas de pasteur.e depuis 8 ans, vit grâce à l’engagement enthousiaste du consistoire et des fidèles.

 

« Ne pas avoir de pasteur.e, c’est épuisant ».

Sonia s’occupe de tenir les comptes, de proposer des activités et d’animer le groupe des jeunes. En somme c’est un second métier. Faute de temps, il lui a fallu renoncer au culte « C’est un choix, je voulais avoir un accueil spécifique aux jeunes. Garder les jeunes, c’est garder les parents. Mais il y a d’anciens scouts dans la paroisse qui vont bientôt pourvoir s’occuper de ce groupe. »

Elle se donne à 200%, même si parfois, elle perd espoir. « Ne pas avoir de pasteur, c’est épuisant. Nous ne pouvons pas tout assurer. Il n’y a personne qui peut faire de visites. Avant, on avait des trentenaires, mais ils ont tous déménagé. » le résultat, c’est une paroisse avec une pyramide des âges en creux : beaucoup de jeunes et de personnes de plus de 50 ans, mais pas grand monde entre les deux.

 

A Rongy, la convivialité est le ciment de la vie paroissiale

Rongy, deuxième étape. Le bâtiment est ancien, un peu plus grand que l’oratoire de Taintignies et situé rue du Temple. Il y a même un cimetière à l’arrière, mais on n’y enterre plus personne depuis longtemps. Seule reste une aire de dispersion des cendres.

Ici, la vie pastorale est rythmée de moments simples et chaleureux. Chaque année, le groupe des jeunes se réunit à Chevetogne pour un weekend sportif et spirituel… auquel les parents s’invitent volontiers. Les plus âgés ont aussi leur weekend annuel, un city-trip spirituel.

Sonia témoigne : « On prend l’apéro tous ensemble un dimanche par mois. Quand notre famille est arrivée ici, c’était simplement un petit café, mais nous, les jeunes, on avait envie de boire une bière. Petit à petit, c’est devenu un vrai apéro. On fait même des barbecues.

D’ailleurs, c’est ce sens de l’accueil qui lui a immédiatement plu. Un sens de l’accueil qui vient de loin, puisque son père, jeune proposant à Rongy-Taintignies, avait déjà été touché.

 

Une paroisse ouverte sur la vie de village

Pour financer ses activités, la paroisse organise chaque année un souper à thème. Mais surtout pas en même temps que le club de foot. « Même nos voisins non-protestants ont envie de venir. Si c’est un soir de foot, tout le monde ne pourra pas participer ».

Noël est également un temps fort pour toutes et tous. La paroisse participe au concours de décoration de la commune (2ème prix, s’il-vous-plaît !) et les voisins viennent au verre de l’amitié. Les jeunes préparent des boîtes à chaussures garnies de matériel scolaire avec la paroisse évangélique de Tournai pour les envoyer à des jeunes de pays en développement.

Lorsque la commune a lancé un concours de la meilleure soupe, la paroisse a ouvert ses portes et un couple de traiteurs a concocté une soupe à la pomme verte. « On a perdu. C’était bon mais trop original. » Bref, à Rongy-Taintignies, les idées fusent et on a de l’imagination.

Prochains projets : un rallye vélo ouvert à toute la commune et au-delà, envisagé pour le printemps 2022 et un concert avec la fanfare de Rongy le 26 février 2021(si la situation le permet). Avis aux amateurs et amatrices, Rongy-Taintignies vous invite !

 

JGDM

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